Marie Antoinette- voyage olfactif enchanteur des sens
Les amateurs de parfums rares et confidentiels vont se régaler! Que vous soyez Parisiens ou touristes de passage, prenez le temps de visiter cette petite boutique située dans une petite rue près de la place du marché Sainte-Catherine.
Le quartier du Marais regorge de surprises en tout genre et je suis étonnée de voir toutes celles qui m’échappent encore malgré mes promenades poussées. J’ai tendance à me perdre (volontairement) dans le dédalle des ruelles et petits passages, en quête d’une charmante adresse que je pourrais découvrir.
Me voici donc arrivée, tout à fait par hasard, devant la boutique MarieAntoinette, rue d’Ormesson. J’aperçois la vitrine du côté opposé de la rue, et sa mise-en-scène m’attire. J’avoue arpenter avec régularité les allées des grands magasins, mais rien ne me séduit plus qu’une petite boutique blottie entre deux ruelles ou perchée au sommet d’une petite colline… Celle-ci est située près d’une place de marché entourée de brasseries et de petits restaurants.
Je traverse la rue et pousse donc la porte. J’ai bien vu de loin que les trésors proposés relevaient du domaine du parfum, mais aucune effluve ne s’échappe de l’intérieur… Pour le moment je me contente du plaisir visuel. Mon regard a été accroché par les emballages tantôt kitsch tantôt rétro des savons fabriqués artisanalement et des flacons joliment ouvragés de facture ancienne…
Je suis accueillie par deux charmants messieurs. L’un, le créateur Antonio de Figueiredo, nous quitte rapidement… »Enfin seuls », me murmure le gentleman restant avec un petit clin d’oeil. Je joue le jeu avec un sourire. Mais passons aux choses sérieuses…
Mon regard ère de droite à gauche, effleure les produits si joliment mis-en-scène. Bougies, papiers à parfumer, parfums, savons, laits pour le corps et gels douche… La boutique a beau être petite, les tentations ne manquent pas!
L’envie me prend alors de mettre à contribution mon nez et de commencer la découverte olfactive. J’explique que je connais certaines marques de parfums présentées comme Parfum d’Empire, Les Parfums de Rosine ou Robert Piguet (certains plus ou moins bien d’ailleurs), mais que d’autres me sont tout à fait inconnues. J’aperçois des savons estampillés Claus Porto 1887 dont même le nom ne m’évoque aucun souvenir, à part une petite connotation allemande, confirmée par le monsieur gardien du temple.
On me présente cette marque portuguaise établie par un Allemand en 1887 à Porto. Selon la légende, cette maison fut la première au Portugal à fabriquer des savons et des parfums. Elle compte aujourd’hui parmi les plus prestigieuses du pays.
Le créateur de la boutique MarieAntoinette, Antonio de Figueiredo, Portuguais de naissance, a souhaité introduire cette marque en France et la faire connaître à un public averti ou amateur. D’ailleurs, parlons pendant quelques instants des motivations de Monsieur de Figueiredo. Quelle était l’idée à l’origine de la création de la boutique? Visiblement, Monsieur aime les senteurs et parfums d’exception et a voulu partager ses coups de coeur avec une clientèle amatrice de beaux parfums au caractère rare et authentique. Il a baptisé sa boutique MarieAntoinette en hommage à sa grand-mère, qui créait ses propres fragrances… Le concept original se fonde sur un désir de remettre à l’honneur une parfumerie d’excellence à la française. De Figueiredo propose ainsi à la fois des produits émanant de vieilles maisons françaises telles que P. Frapin et Cie, Robert Piguet et Parfums d’Orsay et des produits aux racines portuguaises bénéficiant d’une réputation séculaire comme Claus Porto ou Castelbel Porto. Mais on y trouve aussi des créations plus récentes telles que Parfums d’Empire par exemple. Le point commun entre chaque marque séléctionnée, étant toujours cette quête d’excellence, un savoir-faire souvent ancestral, des méthodes artisanales et un choix de matières premières hautement qualitatives et pour la plupart naturelles.
Je ne vous conterai point les histoires de chaque marque présentée dans cette ancienne cordonnerie, cela prendrait trop de temps, toutefois l’une ou l’autre Maison fera certainement l’objet d’un futur article.
Revenons à présent à mon expérience olfactive… Le calme du lieu et l’accueil attentionné encouragent à prendre son temps pour découvrir ces merveilleuses créations. Je me laisse dans un premier temps guider par les choix du Monsieur qui me présente ses préférences. Je découvre ainsi les bougies parfumées de Claus Porto, celles de Carrière Frères Industries inspirées d’un livre botanique (mention spéciale pour la senteur Lycopersicon Esculentunm-Tomate qui me fait penser au jardin de mon grand-père) et bien d’autres encore… Côté savons, je suis charmée par le packaging rétro des savons Claus Porto reprenant des motifs des années 30, ou le coffret évoquant des noms de prestigieux hôtels mais faisant en réalité référence à des légendes de boîte de nuits portugaises toujours de la même période historique (Majestic, Maxim…)…
Pour ce qui est des parfums, j’ai un coup de coeur pour les fragrances l’Humaniste de P. Frapin et Cie (un parfum très frais mêlant agrumes, cortège d’épices et une note évoquant le gin, que je verrai bien porté par mon homme et qui m’évoque Opus 1870 de Penhaligon’s) et 1270 (merveilleux parfum épicé qui s’ouvre avec gourmandise sur les notes d’orange confites, de pruneaux, de raisins, de cacao et de fève tonka, se tonifie en délicatesse grâce à la fleur de vigne, l’immortelle et le tilleul et s’arrondit en douceur avec le miel blanc, la vanille et le bois de gaïac. Une composition enveloppante et sensuelle, réconfortante et douce, délicieusement appropriée les froides nuits d’hiver…). J’ai humé ces fragrances avec un plaisir incomparable et me suis laissée rapidement envoûter par leurs compositions riches et facettées, originales et au caractère trempée mais intimistes… Point de sillage pour ces effluves… Il s’agit de parfums de peau qu’on ne peut percevoir qu’en s’approchant de la personne qui les porte.
Je suis également repartie à la découverte des parfums Robert Piguet, dont j’avais oublié quelque peu les senteurs, les ayant trop rarement respirées. Toutes celles que j’ai senties, évoquent un univers olfactif floral… plus ou moins épicé, gourmand, fruité ou aromatique… J’ai aimé Fracas et Visa mais ne me voit point les porter. Visa est un parfum oriental gourmand addictif censé ensorceller la gente masculine grâce à ses notes fruitées de pêche et de poire, fleuries de rose et d’ylang-ylang, lactées et gourmandes avec la vanille et le bois de santal… tandis que Fracas est plus un parfum classique aux allures de femme sophistiquée qui séduit par son bouquet de fleurs composé des plus majestueuses du règne végétal comme la tubereuse, le jasmin, la rose, la jonquille, le gardénia…
Je suis repartie avec une crème pour le corps de la Maison Claus Porto parfumée à la lavande, le coeur léger, le nez frétillant et les yeux pleins d’étoiles… J’ai passé un excellent moment dans cette charmante boutique entourée de produits les plus intéressants et délicieux les uns que les autres… Je reviendrai très certainement continuer ce voyage olfactif enchanteur des sens…
En attendant, je vous invite, vous aussi, à pousser la porte de cette « caverne d’Ali-Baba aux milles senteurs » et vous enivrer des effluves rares et originales de Maisons anciennes ou marques contemporaines… Qui sait, vous trouverez peut-être la perle rare, le parfum qui vous sied à merveille, qui se fondra à votre peau avec distinction et vous fera succomber corps et âme…